Aviatrix Systems
Création | fin 2013 |
Siège | Santa Clara (Californie, Etats-Unis) |
Fondateurs | Sherry Wei et Pankaj Manglik |
Dirigeant | Steve Mullaney (CEO) |
Effectif | 200 employés |
Financement | 340+ millions de dollars |
Dernière levée | 200 millions de dollars (septembre 2021) |
Investisseurs | Monta Vista Capital, Formation 8, Ignition Partners, CRV, Liberty Global Ventures, General Catalyst Partners, Meritech Capital Partners, Greenspring Associates, TrueBridge Capital Partners Partners, Technology Crossover Ventures, Tiger Global Management |
Comme nous l’avons encore évoqué récemment avec Alkira avec ses offres Cloud Network as a Service et Cloud Backbone, la simplification de la gestion réseau dans le cloud incarne le dernier problème épineux à résoudre sur les infrastructures de cloud public.
C’est justement le problème auquel se sont attelées la société Aviatrix et sa cofondatrice Sherry Wei 2013. Et si la société a dû faire ses preuves pendant 5 ans, les investisseurs semblent aujourd’hui se précipiter pour accompagner sa croissance. En effet, la startup a réalisé deux levées de fonds 2021 pour un total de 275 millions de dollars, portant son financement total à plus de 340 millions de dollars sa valorisation à 2 milliards de dollars.
afin d’asseoir sa réputation, Avitrix a nommé comme CEO un vétéran des réseaux, Steve Mullaney: Synoptics, Bay Networks, Shoretel, Growth Networks, Force10 Networks, Blue Coat Systems, Palo Alto Networks, Nicira et VMware où il sera vice-président/directeur général de la division Réseaux et Sécurité, avant de se retirer… et de revenir chez Aviatrix.
Pour en savoir plus sur Aviatrix et ses atouts différenciateurs, Place de l’lT a rencontré Steve Mullaney, le pétillant CEO d’Aviatrix, qui affirme ses convictions sans langue de bois.
Des vétérans du réseau partent à l’assaut du Cloud
Après avoir obtenu son doctorat à l’université de Purdue, près d’Indianapolis (Indiana, Etat-Unis), Sherry Wei entre chez Centilion Network en 1993. Bay Networks rachète Centilion en mai 1995 pour 140 millions de dollars en action, et Sherry Wei part chez Ardent Communications, dont elle est la première employée. L’entreprise est acquise par Cisco fin juin 1997 pour 156 millions de dollars, et elle intègre le géant des réseaux au poste d’Engineer Manager. Elle y restera près de 14 ans. Elle enchaine en juin 2011 avec plus d’un an et demi chez Huawei comme Principal Engineer.
Spécialiste des réseaux, Sherry Wei lance la startup Aviatrix Systems en 2013 à Santa Clara avec Pankaj Manglik, par ailleurs cofondateur du spécialiste des réseaux Aruba Networks (entré en bourse le 26 mars 2007, et qui sera rachetée par HP Enterprise en mars 2015 pour 2,7 milliards de dollars). L’objectif initial d’Aviatrix: ouvrir aux entreprises la possibilité d’étendre leurs datacenters vers le cloud (AWS au départ), sans avoir à se préoccuper des couches basses réseau.
Fin septembre 2014, la jeune pousse et soutenue par le fonds d’investissement Monta Vista Capital qui apporte un fonds d’amorçage de 800 000 dollars.
340 millions levés de dollars en 6 ans
En février 2015, 10 millions de dollars sont levés auprès des fonds Formation 8 et Ignition Partners. La société annonce alors que son logiciel «peut interconnecter simplement, de façon élastique et sécurisée des douzaines de VPC (virtual private clouds) AWS ou de VNet Azure, permet aux employés de se connecter directement au cloud sans VPN, ou aux éditeurs de migrer leur application sur site vers le cloud en mode “SaaS single tenant”». Les solutions réseau et sécurité d’Aviatrix “nées dans le cloud, pour le cloud” sont déployables sur les clouds AWS, GCP, Azure et Oracle Cloud. Elle intègrent nativement les technologies des différents hyperscalers pour une gestion simple, globale, et sécurisée, avec de multiples services comme la gestion avancée du trafic réseau, la segmentation réseau, l’intégration de firewalls de nouvelle génération, les VPN Smart SAML, le filtrage des accès vers le cloud, le chiffrement haute performance…
En février 2016, Steven Mih (ex-Couchbase, Mesosphere, AMD…) remplace Pankaj Manglik au poste de CEO. En janvier 2017, le fonds CRV se joint à Formation 8 et à Ignition Partners pour boucler un tour de table à 15 millions de dollars. La startup se positionne alors le fournisseur d’un «contrôleur centralisé et d’un logiciel passerelle allégé simplifiant la création la suppression et la gestion des réseaux pour les clouds hybrides».
En juin 2019, Aviatrix recrute comme CEO le vétéran des réseaux Steve Mullaney, ex-CEO de Nicira (puis VP et DG Network & Security chez VMware après le rachat en 2012), après être passé par Palo-Alto Networks ou Blue Coat Systems, Force10 Networks, Cisco, Shoretel, Bay networks… (voir plus bas).
Les levées de fonds vont alors s’intensifier et s’accélérer avec 40 millions de dollars apportés par CRV, Formation 8, Ignition Partners et Liberty Global Ventures en octobre 2019. Et deux tours de table se succèdent: en février 2021 à 75 millions de dollars avec la participation des mêmes investisseurs auxquels se joignent General Catalyst Partners, Meritech Capital Partners, Greenspring Associates et TrueBridge Capital Partners ; et en septembre 2021 à 200 millions de dollars avec tous les investisseurs ainsi qu’Insight Partners, Technology Crossover Ventures et Tiger Global Management.
A ce jour, Aviatrix a levé près de 341 millions de dollars et est valorisée 2 milliards de dollars.
Un CEO emblématique ayant vécu l’épopée des réseaux
En début de carrière, Steven Mullaney a vécu les débuts de nombreuses startups Réseau. En 1988, il entre comme ingénieur chez Synoptics qui contribua à leur standardisation avant l’émergence du standard Ethernet 10baseT. Puis, il participe comme VP marketing à la naissance de Bay Networks en 1993 (rachetée 9.1 milliards de dollars par Nortel Telecom en juin 1998 et rebaptisée Nortel Networks), Shoretel en 1998 (rachetée 530 millions de dollars par Mitel en juillet 2017), Growth Networks en 1999 (rachetée par Cisco en 2000, où il restera un an), Force10 Networks en 2001 (rachetée par Dell Technologies en juillet 2011), Blue Coat Systems de 2003 à 2007 (rachetée 4 milliards de dollars par Symantec en juin 2016), Palo Alto Networks en de 2007 à 2009. En quittant Palo Alto où il était CEO intérimaire, il entre chez Nicira comme CEO en avril 2009. Après 3 ans et demi, il rejoindra VMware lors du rachat (pour 1,3 milliard de dollars en juillet 2012) comme vice-président/directeur général de la division Réseaux et Sécurité. Après une “retraite” de cinq ans, il revient sur le marché comme président et CEO d’Aviatrix en mars 2019.
Place de l’IT : Quel contexte vous a-t-il fait revenir aux affaires comme dirigeant?
Steve Mullaney : Après avoir contribué à faire de VMware NSX [solution SDN de VMware née suite à l’acquisition de Nicira] une activité générant 2 milliards de dollars, j’ai pris ma retraite.
Pendant 5 ans, j’ai intégré le conseil d’administration de plusieurs sociétés technologiques. Une vie très sympathique!
Il y a 7 ans, très peu d’entreprises considéraient réellement le cloud à sa juste valeur. Pourtant, les fournisseurs étaient prêts pour en faire une infrastructure intéressante et gagnante. En revanche, les sociétés comme VMware et Cisco trainaient les pieds et semblaient déjà vouées à disparaître.
Depuis 2 à 3 ans, nous avons assisté à une explosion du cloud pour de multiples raisons, très différentes. Après avoir ramé pendant plus de cinq ans, des acteurs comme AWS, Azure ou Google Cloud occupent enfin le devant de la scène grâce à la transformation numérique des entreprises et au besoin d’agilité des métiers pour leur faculté à accélérer les déploiements et les développements.
Les règles du jeu ont changé, et à présent les entreprises sont condamnées à changer ou mourir.
Au départ, le cloud était surtout mis en avant par les start-ups et le mouvement DevOps. A présent, tous les dirigeants en parlent, en mettant en avant les règles de conformité, la sécurité, la fiabilité ou l’évolutivité. Et le cloud est devenu une infrastructure sérieuse, avec des politiques de dépannage, de la visibilité, et beaucoup plus de contrôle. La partie peut enfin commencer, et les grandes entreprises s’y investissent!
Pourquoi Aviatrix?
La transformation vers l’infrastructure cloud beaucoup plus rapide que celle que nous avons connue du mainframe vers le client/serveur. Certes, le confinement a permis d’accélérer le mouvement, mais il était déjà initié.
J’ai choisi de revenir avec Aviatrix, car elle propose la pile logicielle qui peut devenir l’équivalent de ce qu’a représenté Cisco pour les réseaux. D’autant plus lorsque les métiers décident enfin eux-mêmes de ce que l’informatique doit leur fournir.
Nous assistons à l’émergence d’acteurs et de technologies radicalement différents comme Snowflake, Hashicorp, Amazon RedShift…
Justement, Aviatrix propose une solution Cloud Native réseau et sécurité innovante, et très “fun”. C’est justement ce qui m’a séduit et a provoqué mon retour. Il s’agit réellement d’une entreprise emblématique, qui incarne une grande transition, tout comme Nicira à son époque.
Il n’est pas encore question d’entrée en bourse, mais Aviatrix est bien le “prochain Cisco”, avec déjà 500 clients et plus de 50 millions de dollars de chiffre d’affaires pour cette année. Nous venons d’ailleurs de lever 200 millions de dollars pour une valorisation à 2 milliards. Une entrée en bourse pourrait bien se produire d’ici à 2 ans…
Aviatrix a été créée il y a sept ans, en se basant sur le modèle le plus en pointe du cloud computing. Et les cinq premières années lui ont permis de construire les bonnes fondations.
Si j’ai rejoint la société, ce n’était pas par besoin financier (je pourrais ne plus travailler), mais parce que je sens la forte demande du marché. Je suis persuadé que c’est le bon moment pour Aviatrix. Et cette aventure me passionne.
En quoi la technologie d’Aviatrix est-elle différente?
Aviatrix s’est développé dans une perspective “Cloud native” dès l’origine. Les autres technologies réseau, comme VMware, Cisco ou Arista… sont conçues pour répondre aux besoins des datacenters et comme des solutions sur site [on-premise]. Pour résumer, Aviatrix est Cloud Native tandis que les autres sont “off-cloud”.
Dans la solution VMware NSX, Nicira propose un contrôleur central avec des passerelles distribuées. Avec Aviatrix, l’approche est similaire, et les entreprises achètent notre logiciel pour l’exécuter sur son infrastructure chez AWS, Azure, Google cloud, Oracle cloud ou Alibaba cloud.
Notre contrôleur discute directement avec les différents services des couches basses dans l’infrastructure des hyperscalers. Puis les passerelles permettent d’atteindre le niveau d’abstraction nécessaire pour déployer les services réseau et sécurité. Alors, la complexité reste dans les couches basses du cloud tandis que cette architecture apporte une gestion et une supervision commune de toute l’infrastructure réseau et sécurité de l’entreprise.
Nous parlons en BGP (Border Gateway Protocol, protocole de routage dynamique) à toutes les solutions de réseau et sécurité, y compris aux logiciels sur site.
Aviatrix répond également à l’un des plus grands problèmes: le manque de visibilité ou l’effet “boîte noire”. Les entreprises exigent de la visibilité pour comprendre ce qui se passe. Nous exploitons tout ce que nous pouvons dans l’infrastructure des hyperscalers, et nous permettons le contrôle des données dans notre plan de données (data plane).
Pas de SaaS chez Aviatrix?
Effectivement, nos solutions ne sont absolument pas proposées en mode Saas.
Vous achetez notre logiciel et vous l’installez sur votre infrastructure de cloud public. Par exemple, vous louez des instances serveur EC2 chez AWS pour exécuter le contrôleur et les passerelles. Ensuite vous payez à l’usage. Nous vendons uniquement du logiciel, pas de matériel. Et l’installation s’effectue directement depuis les places de marché des hyperscalers.
La solution peut également s’installer sur les piles logicielles que les hyperscalers ont adaptées afin qu’elles puissent être installées sur site.
Pourquoi êtes-vous aussi dur sur le SDWan et le Sase?
On a l’impression que dans le cloud tout le monde ignore le réseau, et plus encore en environnement multicloud. Pourtant de nombreux problèmes se posent concernant la visibilité, mais aussi le contrôle du réseau et de la sécurité. C’est le dernier grand problème d’infrastructure à résoudre dans le cloud.
Le SDWan et l’optimisation Wan ne sont pas un marché, mais une bulle. Le MPLS incarne un retour vers le “datacenter sur site”, alors que ce n’est qu’une fonction. La fin des “datacenters sur site” sonne le glas du SDWan.
Du coup, ils ont inventé le Sase, qui incarne lui aussi une bulle appelée à s’évaporer, car il s’agit encore d’une approche sur site. D’ailleurs, dans cette architecture, le cloud est considéré comme “off-prem”.
Les entreprises souhaitent surtout que les utilisateurs puissent se connecter aux services sur le cloud sans se soucier de la connectivité. Car cette dernière n’apporte que peu de valeur aux métiers l’entreprise. Elles doivent aller vers le cloud avec la sécurité et le chiffrement adaptés. Finalement le SDWan ou le Sase ne sont que des problèmes mineurs.
Sur le cloud, la sécurité et le réseau sont réalisés par les hyperscalers, et automatisés. Ils les proposent avec le strict minimum de tâches manuelles.
Alors pourquoi Aviatrix, si les hyperscalers proposent leurs solutions réseau?
Il reste des problèmes importants à régler: l’absence de contrôle et de visibilité multicloud, et le manque de compétences et de spécialistes pour répondre à ces besoins.
Certes, les hyperscalers apportent des réponses sur la visibilité et le contrôle dans le cloud, mais chacun dans sa sphère. De plus, ils les proposent en mode “all inclusive” dans leurs offres. On se retrouve dans la situation des séjours de vacances en mode “all inclusive”: le prix est attractif, mais une fois sur place la nourriture est très moyenne et le vin rouge de mauvaise qualité. Pour préserver un prix attractif, les hyperscalers ne peuvent pas fournir la meilleure qualité. Cependant, cela peut suffire pour les entreprises qui ne s’en préoccupent pas, puisqu’il s’agit de répondre au plus grand nombre avec le plus petit dénominateur commun.
Aviatrix se positionne donc comme une offre de qualité et globale pour le réseau et la sécurité sur le cloud.
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