vendredi , 13 décembre 2024

Fabrice Hugues, Software AG: «L’accélération digitale apporte plus d’agilité, mais aussi plus de complexité sur l’infrastructure.»

A travers les évolutions des solutions de l’éditeur, Fabrice Hugues, directeur Innovation et Solutions chez Software AG, partage sa vision de la réalité du terrain.

Deux ans après son cinquantenaire (voir notre article), l’éditeur allemand Software AG est toujours en pleine forme financière et technologique, avec des revenus cloud en hausse -entre autres.
L’accélération de la numérisation des entreprises et de leur investissement dans le cloud (cloud public ou la computing), remet sur le devant de la scène les technologies comme les micro-services, les containers, kubernetes ou l’automatisation.
Afin d’aborder tous ces sujets, de savoir comment Software AG investit sur ces technologies et de recueillir ses impressions vécues sur le terrain, Place de l’IT a rencontré Fabrice Hugues, directeur Innovation & Solutions chez Software AG.
Entré chez webMethods il y a plus de 20 ans (alors que le rachat ne date que de 2007, pour 546 millions de dollars), il dispose d’une connaissance et d’une analyse d’expert sur toutes ces évolutions. Il apporte son éclairage sur la nouvelle répartition des rôles entre les métiers et la DSI. Un retour terrain riche en enseignements.

Fabrice Hugues, directeur Innovation & Solutions chez Software AG
Fabrice Hugues, directeur Innovation & Solutions chez Software AG

Avez-vous constaté une accélération de la numérisation des entreprises pendant la crise? Et de quel type?

Pendant les derniers mois et tout au long de la crise, nous avons effectivement enregistré une forte accélération et une modification dans l’infrastructure des système d’information et des applications ainsi que dans l’approche. Cependant, on constate surtout une différence notable selon le type d’entreprise.
Globalement, les grandes entreprises (type SBF 120) déjà équipées de nos solutions ou de celles de nos concurrents, via des déploiements qui étaient essentiellement sur site, basculent aujourd’hui vers quelque chose de différent, intégrant généralement le cloud.
Quant aux ETI ou PME/PMI, souvent plus monolithiques côté applications, elles travaillent de plus en plus avec des progiciels dans le cloud. En effet, elles ont besoin d’une forte communication entre les applications, d’une démocratisation pour les développeurs, et d’une intégration plus rapide (API et autres) avec un besoin moindre d’expertise.

A quels bouleversements technologiques assistez-vous sur le terrain?

Les grandes entreprises ou grandes organisations basculent toutes une plus ou moins grande partie de leur informatique vers des hyperscalers. Elles en profitent pour moderniser leurs infrastructures par briques, en bénéficiant des avantages de ces infrastructures cloud, en complément de leurs datacenters traditionnels.
Ce qui amène souvent à des architectures hybrides avec des parties sur site (pour l’instant) combinées à des solutions SaaS, plus agiles. En revanche, ce résultat se révèle plus complexe en termes d’intégration, est plus délicat en termes de sécurité.

Chez Software AG, même Natural et Abadas bénéficient des technologies cloud (source AWS)
Chez Software AG, même Natural et Abadas bénéficient des technologies cloud (source AWS)

On constate également une forte accélération sur les prises de décision par les métiers, et la DSI se fait bypasser par les métiers qui optent pour le Saas, en confiant au service informatique l’exécution et l’intégration des solutions. Si elle souhaite répondre de plus près aux besoins des métiers, l’informatique doit donc aller plus vite sur l’infrastructure et réduire au maximum les développements spécifiques.
Sur le terrain, deux bouleversements majeurs sont à l’œuvre: les méthodes agiles et les micro-services viennent simplifier le développement, tandis que les services d’exploitation reçoivent des milliers de micro-services et intègrent la révolution des containers.
Plus de la moitié des nouveaux projets de nos clients démarre sur ces technologies (Docker, OpenShift…), contre quelques projets auparavant.
Software AG a fortement investi sur les containers et Kubernetes. Aujourd’hui, nos équipes installent une nouvelle version de notre solution sur Docker Hub pour la rendre immédiatement disponible. À l’arrivée, que des avantages! Cependant, il ne faut pas négliger la conduite du changement et la gestion du risque.

Software AG WebMethods est lui aussi optimisé pour exécuter des microservices sous containers Docker
Software AG WebMethods est lui aussi optimisé pour exécuter des microservices sous containers Docker

Comment Software AG s’investit-elle sur la containerisation et les micro-services?

Toutes nos offres de type ESB ou KPI management sont désormais disponibles sous forme de micro-services. Nous avons également effectué un travail pour encapsuler les services Mesh au plus haut niveau afin de simplifier la vie des développeurs. Nous n’apportons pas uniquement une vue réseau, mais également une visualisation et une gestion des flux.
Cumulocity (spécialiste IOT racheté en mars 2017) repose sur des micro-services et représente un accélérateur de développement significatif intégrant la gestion de l’évolutivité de manière très fine, autorisant le passage à l’échelle des solutions IOT pour accélérer les projets.
Ces évolutions apportent plus d’agilité, mais également plus de complexité si l’on considère l’infrastructure à gérer. C’est pourquoi nous avons travaillé sur nos solutions de Business Process Transformation Aris et d’EAM (Enterprise Architecture Management) Alfabet pour simplifier encore les discussions entre informatique et métier.
Notre iPaaS (Integration Platform as a Service) webMethods.io Integration permet d’accélérer sur les projets et les développements et de compléter ou enrichir les applications sur site par une intégration simplifiée. En outre, la première version d’Aris Process Mining est également arrivée sur le cloud.
Ces versions plus modernes “redescendent” en quelque sorte sur les applications sur site en les dotant de nouvelles interfaces actualisées plus interactives. Ce qui répond également à la demande de nos clients.

Software AG a une vision holistique du No Code/Low Code
Software AG a une vision holistique du No Code/Low Code

En quoi êtes-vous intéressé/impliqués dans la tendance Low Code/No Code?

Notre plate-forme couvre un grand nombre de couches et peut donc adresser différents profils.
Ainsi, l’API Management qui s’adresse aux administrateurs peut leur simplifier la tâche en apportant des pré-paramétrages avec polices sur étagère: supervision, remontées d’alerte… En revanche, sur l’ESB, le développement est beaucoup plus graphique et le code est automatiquement généré à l’arrivée. Nous avons fortement travaillé sur l’ergonomie pour simplifier encore l’interface. Cela favorise l’approche par petites équipes de projets, n’incluant pas forcément des experts à temps complet sur l’intégration.
Dans de multiples projets, l’entreprise fait appel à des profils différents, ce qui nécessite de simplifier les interfaces pour éviter d’avoir à former chaque utilisateur occasionnel qui n’utiliserait l’outil que deux à trois fois par an. C’est la raison pour laquelle nous avons travaillé en ce sens sur notre iPaaS, tout en laissant la possibilité aux utilisateurs de travailler depuis une interface beaucoup plus évoluée. L’intérêt consiste justement à disposer des deux formules sur une même plate-forme.
Certes, les connecteurs sont simples à utiliser, mais encore faut-il simplifier le travail de l’utilisateur occasionnel, quitte à ce que la DSI reprenne le travail par la suite pour l’optimiser. À condition que l’ensemble soit partagé, administré et contrôlé par l’IT, avec des règles de sécurité de gouvernance globales pour assurer la cohérence du système d’information.
Quand l’entreprise disposait d’un système d’information totalement sur site, elle pensait tout maîtriser. Bien évidemment, ce n’était pas le cas. Désormais, avec une informatique qui n’est pas sous le contrôle total de la DSI (hyperscalers cloud ou éditeurs SaaS mettant à jour à leur rythme) il est prudent de rester vigilant. D’où la nécessité d’une gouvernance globale du système d’information rendue possible par les solutions Aris ou Alfabet.

Le fameux référentiel comme on l’entendait traditionnellement a-t-il encore du sens?

Traditionnellement, le référentiel d’entreprise ne nécessitait qu’un manager, pour gérer un budget et des utilisateurs connus et plus ou moins impliqués.
Aujourd’hui, les évolutions sont très fréquentes et si le référentiel ne vit pas ou n’est pas mis à jour, cela pose rapidement des problèmes. C’est d’ailleurs un constat classique dans ce type de projet. Il s’agit donc d’inverser la donne. Il ne faut pas laisser le référentiel aux seules mains des experts qui l’alimentent et répondent aux questions posées. Le référentiel doit rester au service de l’utilisateur final, qui intervient quelques fois par mois via une interface simple qui lui permet de partager ses informations et de profiter de la cohérence de l’ensemble. Là encore, un accès plus spécialisé reste possible pour les experts, dans un esprit de partage collaboratif et de gouvernance.
Des aspects d’autant plus essentiels en l’absence de la machine à café en période de confinement ou de télétravail.

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Taylor Brown, COO et cofondateur de Fivetran

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