mardi , 1 avril 2025

Destiny bientôt leader européen des communications unifiées (UCaaS)?

Depuis le rachat d’OpenIP fin 2019, l’opérateur belge Destiny a réalisé 9 rachats. Entretien avec Laurent Silvestri, fondateur d’OpenIP et CSO chez Destiny.

La révolution des télécommunications vers le tout-IP au début des années 2000 a vu émerger de multiples opérateurs de voix sur IP et/ou Centrex IP, surfant sur l’évolution hésitante des opérateurs télécoms historiques européens.

Laurent Silvestri et Daan de Wever lors de la fusion OpenIP/Destiny
Laurent Silvestri et Daan de Wever lors de la fusion OpenIP/Destiny

La communication IP depuis 16 ans déjà…

Lorsque Laurent Silvestri crée la société OpenCentrex en 2005, il se propose d’accompagner les entreprises dans l’évolution vers la voix sur IP, via des passerelles ou des solutions de type IP Centrex.
En mai 2007, l’opérateur télécom OpenCentrex est rebaptisée OpenIP, et compte déjà 140 intégrateurs et 2500 postes déployés sur 300 sites. En février 2011, la société annonce avoir déployé une infrastructure 100% cloud. L’année suivante, elle lance ses offres d’hébergement virtualisé et des communications unifiées as-a-Service (UCaaS). En mars 2012, OpenIP rachète l’activité de l’opérateur nantais Syn’Actives Telecom.
En août 2018, Laurent Silvestri confie la direction générale de l’entreprise à Jean-Baptiste Pecchi, jusque-là directeur des opérations (ex-Futur Telecom). OpenIP compte alors 70 collaborateurs.
En novembre 2019, le fonds d’investissement français Apax Partners rachète les parts du fonds batave Mentha Capital (Pays-Bas) dans le capital de l’opérateur télécom belge Destiny (créé en 2008 par les frères Daan et Samuel de Wever), afin d’accélérer sa croissance externe.
Un mois plus tard, en décembre 2019, Destiny fusionne avec OpenIP, qui devient sa filiale française. Le français compte alors 1200 partenaires, intégrateurs et opérateurs de services numériques.
Laurent Silvestri rejoint les frères Wever (CTO) à la direction du groupe en tant que responsable de la stratégie et de l’innovation, et conserve la direction d’OpenIP/Destiny France.
Depuis son siège de Louvain (Leuven, Belgique), Destiny affiche son ambition de devenir la première place de marché européen pour les communications unifiées (UCaaS).
Pour y parvenir, elle avait déjà initié une politique de croissance externe volontaire via de multiples rachats: Ergatel (Belgique) en décembre 2016, Motto Communications (Pays-Bas) en mars 2018, Belgium Telecom (Belgique) en mars 2019, DSD Business (Pays-Bas) en avril 2019, Fuzer/Escaux (Belgique) en juin 2019 et Ozmo (Pays-Bas) en juin 2019.
Après l’arrivée d’Apax Partners au capital, l’opérateur consolide sa position en Europe avec une succession d’acquisitions: Voips (Pays-Bas) en octobre 2020; Alliantel (France), Ulysse Group (Wallonie) et Faqbot (technologie de chatbot, Belgique) en mars 2021; IPLine (France), Telepo (Suède) et Soluno (Suède) en juin 2021; Stuart (Belgique) en octobre 2021; et Meridix (Suède) en janvier 2022.
Destiny emploie aujourd’hui 750 collaborateurs en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, et en Suède, et sera bientôt présente en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Espagne (via des acquisitions). La société a réalisé un chiffre d’affaires de 188 millions d’euros en 2021, contre 83 millions d’euros en 2020.
Pour en savoir plus sur le positionnement et l’évolution d’OpenIP/Destiny sur le marché de l’UCaaS, son modèle de distribution et ses ambitions, Place de l’IT a rencontré Laurent Silvestri, cofondateur et responsable des alliances stratégiques chez Destiny.

Laurent Silvestri, cofondateur et responsable des alliances stratégiques chez Destiny
Laurent Silvestri, cofondateur et responsable des alliances stratégiques chez Destiny

Place de l’IT: Comment a évolué votre modèle jusqu’à la fusion avec Destiny?

Laurent Silvestri: Notre positionnement initial consistait à proposer une alternative aux opérateurs de télécommunications majeurs, avec une offre plus simple, adaptable aux métiers des entreprises, et plus intégrée.
Une approche nous permettait de nous positionner comme le partenaire de confiance européen, avec des solutions localisées, et bénéficiant d’une bonne notoriété. D’ailleurs, tous les rachats réalisés par Destiny prennent toujours en compte la bonne notoriété des entreprises ciblées. L’objectif de cette croissance externe vise à enrichir et à étendre géographiquement notre offre intégrant les données, la sécurité et les outils pour une communication unifiée de nouvelle génération.
Jusqu’en 2018, OpenIP (filiale France du groupe belge Destiny depuis décembre 2019) a travaillé historiquement et des fournisseurs comme Metaswitch [rachetée par Microsoft en mai 2020] ou BroadSoft [rachetée en 1,9 milliard de dollars 2018 par Cisco en mars 2018] afin de proposer des packages complets et personnalisés aux entreprises. Cependant, ces fournisseurs changent souvent de stratégie, et les entreprises accordent plus de confiance un prestataire ayant une taille critique.
C’est pourquoi nous avons préféré conserver la main sur nos propres technologies, que nous développons et maintenons avec des équipes spécialisées. Cette maîtrise technologique apporte plus de valeur ajoutée et représente un atout aux yeux des investisseurs. Depuis notre rachat, nous avons réalisé de nombreuses acquisitions, toujours avec l’objectif d’ouvrir l’accès à des marchés.
Aujourd’hui, nous totalisons 2,3 millions d’utilisateurs, et comptons plusieurs opérateurs télécoms parmi nos clients (T-Mobile Telenor, Telia…) qui revendent nos solutions UCaaS en marque blanche, ou utilisent certaines de nos briques technologiques. Les grands opérateurs télécoms adoptent de plus en plus cette démarche.
Le marché de la communication d’entreprise de type UCaaS (Communications Unifiées as a Service), et de la visioconférence en particulier dans le sillon ouvert par Zoom et Microsoft Teams, s’est fortement développé à l’occasion de la crise du Covid et divers confinements. La période 2019-2020 nous a confortés dans l’idée qu’il y avait une place à prendre sur ce marché.

Qu’en est-il de vos infrastructures ?

Le groupe développe et déploie une infrastructure cloud souveraine, maintenue par nos propres équipes, et qui s’adresse également aux opérateurs télécoms. Il s’agit d’un cloud public multitenant sur une infrastructure privée.
Nous disposons de nos datacenters répliqués en propre (via colocation chez des fournisseurs de datacenters). Et tant que cela est possible, nous développons nous-mêmes les parties logicielles.
Par ailleurs, nous disposons de notre propre dorsale réseau via des opérateurs d’infrastructure, afin de proposer des services d’opérateur voix et données (ADSL, SDSL, FTTH…).

Architecture de l’offre MetaCentrex d’OpenIP/Destiny
Architecture de l’offre MetaCentrex d’OpenIP/Destiny

Comment vous positionnez-vous, et quel est le poids de la France dans le Groupe?

Destiny se positionne clairement en alternative européenne sur le marché de l’UCaaS, face à des acteurs de type Ring Central, mais surtout Alcatel, Mitel, Avaya ou encore Cisco.
Contrairement à la plupart de ces sociétés, nous développons prioritairement un écosystème de partenaires qui peuvent réaliser des marges intéressantes. Outre un accompagnement spécifique, un support avancé est localisé et assuré dans la langue de chaque pays.
OpenIP commercialise l’offre auprès des fournisseurs de services en ligne (MSP, CSP…) et des grands clients, tandis que le groupe prend en charge des opérateurs télécoms.
En France, OpenIP/Destiny compte 1200 partenaires CSP/MSP, dont 500 en facture régulière, et les autres plutôt comme apporteur d’affaires qui évoluent vers une facturation par mois, par utilisateur et par fonction (incluant le matériel éventuellement nécessaire).
OpenIP, filiale française de Destiny, compte 180 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 48 millions d’euros. Destiny a déjà réalisé 3 rachats en France : OpenIP en décembre 2020, Alliantel en mars 2021 et le lyonnais IPLine (cloud, sécurité, hébergement, le datacenter, données de Santé…) en juin 2021. Par ailleurs, une autre acquisition est en cours dans le domaine de l’UCaas/IP Centrex.
Notre mission consiste aussi à accompagner les intégrateurs opérateurs de proximité, pour les aider à redéfinir leur apport de valeur et les assister dans l’évolution des moyens de communication.
Nous réalisons un investissement conséquent sur l’expérience utilisateur simplifiée, en intégrant toutes les fonctions, et en allégeant les fonctions principales. Nos clients recherchent des outils pertinents et performants, des orientations importantes aussi bien pour notre R&D que pour notre politique commerciale.

S’abonner pour accès illimité 1 an

250,00 HT

Check Also

Richard Smith, vice-président exécutif Cloud et IA pour la région EMEA chez Oracle

Contenu restreint