La quarantaine serait-elle l’âge de la maturité pour une ESN? La française HN Services démontre qu’il est possible de maintenir la croissance, de recruter et même d’initier des opérations de croissance externe sur un marché hésitant.
Collègues depuis plusieurs années, Michel Hochberg et Lionel Niquet quittent Control Data France en 1983 pour créer la société “Hochberg Niquet” qui sera rebaptisée “Groupe HN”, puis HN Services en 2021. Présent dans la société dès 2004, Antoine Hennache est nommé directeur général de l’entreprise en 2015. L’actionnaire reste la famille Hochberg.
L’ESN (entreprise de services du numérique) compte aujourd’hui près de 2000 collaborateurs répartis entre ses bureaux en France, en Belgique, au Luxembourg, au Portugal, en Espagne et en Roumanie.
Après avoir fêté ses 40 ans, la société s’est lancée dans deux opérations de croissance externes et compte bien poursuivre son expansion territoriale et son recrutement pour accompagner une croissance toujours au rendez-vous. Objectif: dépasser les 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2026.
Place de l’IT a rencontré Antoine Hennache, son directeur général, qui expose clairement les ambitions de cette ETI bien ancrée et qui devrait de plus en plus faire parler d’elle.
Place de l’IT: Pourquoi avez-vous racheté ces deux entreprises ? Et pour quel objectif de revenus?
Antoine Hennache: En novembre 2023, HN Services a acquis Infocom Group, avec des activités similaires et une forte présence dans l’assurance et la protection sociale (logiciels sur mesure, intégration, AMOA et assistance technique). Une ESN installée aussi à Charenton-le-Pont, avec laquelle il nous était arrivé de collaborer. Ses 45 collaborateurs généraient un CA d’environ 5 millions d’euros.
En février 2024, nous avons également racheté la société ST Groupe à Neuilly sur Seine, avec ses 40 collaborateurs pour 5 millions d’euros de CA avec un beau portefeuille client dans les Services et dans l’industrie [conseil, ingénierie informatique, développement logiciel…].
Sur l’exercice 2023, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 142 millions d’euros, et nous devrions dépasser les 160 millions d’euros en 2024. Avec toujours comme objectif d’atteindre 200 millions d’euros de CA en 2026.
Dans quels pays performez-vous le plus? L’offshore est-il l’un de vos leviers de croissance?
Actuellement, nous enregistrons notre plus forte croissance au Portugal et en Espagne. Et l’offshore ne représente que 5% de notre chiffre d’affaires.
HN Services privilégie les modèles locaux. En effet, nos clients ont, pour la plupart, déployé leur centre de production informatique en Europe, même s’ils sont présents aux Etats-Unis ou en Asie. C’est pourquoi nous devons les accompagner aussi sur leur stratégie de massification et de globalisation. Une très forte tendance du marché, dans tous les pays.
Nos clients sont plutôt de grands comptes dans la Banque/Finance/Assurance, la distribution, l’industrie ou encore le secteur du Service.
HN Services a réalisé deux acquisitions et a accéléré son expansion européenne en 2023 et 2024. Depuis, nous sommes régulièrement sollicités pour des acquisitions.
Comment HN Services résiste-t-elle à la tendance baissière du marché?
Effectivement, le marché français des ESN accuserait un ralentissement de sa croissance à +2,1% sur 2024, selon la dernière enquête semestrielle Numeum/PAC. L’année 2022 ayant été un record pour notre marché, la descente (logique) se fait bien sentir.
Cependant, HN Services enregistre une hausse de 14% de ses revenus, avec 100% de croissance organique. La Roumanie et le Portugal arrivent en tête avec une croissance de plus de 40%, tandis que la France dépasse les 10%.
En 2023, peu de nouveaux projets ont été signés, ce qui a entraîné de la souffrance sur notre marché en 2024. De nombreuses ESN (même très importantes) ont enregistré de la décroissance au premier semestre, et les petites sociétés de services informatiques rencontrent d’énormes difficultés pour accéder aux grands clients. De plus, les contrats pluriannuels se raréfient, avec une demande exponentielle de ressources et d’expertises. Par ailleurs, le marché devient de plus en plus européen.
Malgré la réindustrialisation et les demandes légitimes de souveraineté, les recrutements s’effectuent surtout dans d’autres pays européens. Certes, cela est bon pour l’Europe, mais ne simplifie pas le développement hexagonal.
Sur le terrain, nous constatons une forte tendance à la massification et à la rationalisation des fournisseurs en modes multi-pay, multi-technologies, multi-modèles. Pour y répondre, une ESN doit disposer d’une taille suffisante reposant sur diverses implantations européennes.
En tant qu’ETI, HN Services dispose d’une taille idéale pour répondre à la puissance nécessaire à un grand groupe, avec l’agilité et la simplicité d’une PME.
Etes-vous intéressés par d’autres acquisitions? Quelles compétences recherchez-vous?
HN Services étudie d’éventuelles acquisitions dans le secteur des services ou de l’Assurance, qui sont de réels relais de croissance à venir. Pour les mêmes raisons, nous devrions être amenés à nous renforcer sur des technologies comme Salesforce ou .net.
Nous recherchons surtout des analystes métier (business analysts), très demandés sur les projets de RPA (Robotic Process Automation ou Automatisation robotisée des processus) et d’IA.
Enfin, nous allons accélérer notre expansion à la fois en région et dans d’autres pays. Difficile avec la sur-sollicitation des ressources pour les projets d’IA, par exemple.
Autre tendance très forte, le Numérique responsable devient une exigence des grandes entreprises envers leurs fournisseurs (empreinte carbone, employés, sociétal…). Les équipes de HN Services peuvent mesurer jusqu’au CO2 dans les lignes de code pour rendre l’IT plus green. En revanche, il nous faut rester vigilants sur le poids de la consommation générée par l’IA et LLM. Aujourd’hui les appels d’offres contiennent presque tous des clauses et critères RSE.
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