Créé en 1831, le groupe international d’assurance et de gestion d’actifs Generali est implanté dans 50 pays. Ses plus de 72 000 employés ont généré un chiffre d’affaires de 70,7 milliards d’euros en 2020. Evidemment, la modification de toute norme concernant les finances ou la comptabilité impacte une société qui revendique plus de 61 millions de clients. Elle a donc du planifié et mené un projet de transformation pour aligner ses pratiques sur les nouvelles normes IFRS 17 et IFRS 9.
Après une douzaine d’années chez KPMG et 9 ans passés chez Axa, Paolo Rubano est recruté comme Finance Transformation Director chez Generali. Parmi ses principales missions, il doit accompagner l’intégration des normes IFRS 9 et IFRS 17 pour le Groupe. «Pour moi, il s’agit de gérer en parallèle ces obligations réglementaires et la transformation digitale de Generali, et pas uniquement de les traiter comme des commodités incontournables,» tient-il à préciser.

IFRS 17, IFRS 9, Kesako ?
Quelques explications préliminaires s’imposent (il ne s’agit pas d’un dictionnaire financier, mais de notions globales).
Les normes IFRS (International Financial Reporting Standards ou normes internationales d’information financière) imposent des règles communes aux assureurs européens (et mondiaux) afin qu’ils présentent des états financiers cohérents, transparents et comparables. Cela concerne la situation financière, les positions de risque et la performance de chaque acteur du marché.
Publiée en 2017, l’IFRS 17 (qui remplace l’IFRS 4 de 2004) s’applique aux contrats d’assurance pour qu’ils soient comptabilisés de la même manière d’un établissement à l’autre. Initialement prévue pour 2021, son application a été reportée à janvier 2023.
L’IFRS 9 (qui remplace l’IAS 39) impose aux entreprises concernées (dont les assureurs) une approche plus prospective de la comptabilisation des pertes attendues sur les actifs financiers. Adoptée par la Commission européenne en novembre 2016, cette nouvelle norme de comptabilisation des instruments financiers est applicable à compter du 1er janvier 2018. Elle a modifié en profondeur les règles de classement et d’évaluation des actifs financiers, ainsi que le modèle de dépréciation des actifs financiers.
Ces deux normes visent à instaurer une vision économique des sociétés d’assurances, basée sur la juste valeur de leurs engagements. Et ces évolutions impactent la modélisation des données et l’informatique analytique des assureurs.
Des contraintes supplémentaires à intégrer? «Pour nous, il s’agit plutôt de trouver un moyen d’extraire de la valeur et pas uniquement de réduire les coûts d’intégration des obligations réglementaires,» relativise Paolo Rubano. «Il nous faut envisager l’opportunité de piloter cet alignement réglementaire pour obtenir un changement bénéfique pour tous.»

Anaplan IFRS 17/9 déployé en 6 semaines dans 40 pays.
En arrivant, le nouveau directeur de la transformation financière sélectionne le SaaS Anaplan, qu’il a déjà utilisé chez un précédent employeur et dont il a pu apprécier les possibilités, la simplicité, et l’efficacité.
Fin 2019, les premières approches se concrétisent. «Au départ, nous avons utilisé Anaplan pour évaluer l’impact financier (FAI pour Finance Impact Aassessment). Nous devions simuler les résultats selon la norme IFRS 4 dans le cadre du closing annuel, et réaliser des simulations de type “What If” avec les règles IFRS 17 en lien avec IFRS 9,» se souvient le responsable du projet de la transformation financière. «Il nous fallait une solution simplifiant l’application de ces nouvelles règles pour la consolidation de nos données.»
Cependant, un groupe international comme Generali apprécie pleinement de pouvoir bénéficier d’une solution en mode SaaS dans le cloud. «En six semaines seulement, nous avons pu étendre cette fonctionnalité FAI sous Anaplan à plus de 40 pays,» rapporte Paolo Rubano. «En parallèle, je souhaitais également faciliter la transition de notre équipe vers un fonctionnement en mode agile, dans une approche Lean, nécessitant peu de personnes pour gérer l’ensemble. Anaplan a été un réel “vaccin pour l’efficacité” et l’autonomie. En effet, nos responsables financiers paramètrent et utilisent la solution sans dépendre de l’informatique, et sans avoir recours à des armées de consultants.»
Bien que la solution n’ait pas encore été intégrée à Google Cloud Platform, Generali opte pour l’utilisation d’Anaplan sur cette plate-forme, afin de bénéficier des fonctions d’intelligence artificielle déjà très opérationnelles de Google de façon transparente. «L’intégration a été transparente entre les modules FIA et notre plate-forme Finances. Nous disposons à présent d’outils IFRS 17 dans le cloud (Anaplan sur Google), et il suffit à l’utilisateur d’appuyer sur le “Magic Button” pour réintégrer les données et les résultats,» évoque le directeur de la transformation financière.

Une équipe 100% métier pour un bilan très positif
Durant le projet, une équipe de 9 “consultants internes” Generali a été soutenue par des 4 spécialiste d’Anaplan afin de se doter des compétences nécessaires. L’éditeur a également accompagné l’assureur lors du déploiement dans les 40 pays.
«Les quatre personnes d’Anaplan nous ont accompagnés à distance, avec une forte présence malgré le confinement. Puis, nous avons tourné plusieurs vidéos de formation en anglais accessibles à tous les collaborateurs qui le souhaitent, afin de rester dans l’esprit Lean Management,» explique Paolo Rubano. «L’équipe projet de Generali était constituée uniquement de collaborateurs du département financier, mais ils ont travaillé en étroite collaboration avec l’équipe informatique pour les aspects liés à la sécurité, au processus cloud, etc. L’aspect fonctionnel a été intégralement pris en charge par le métier. Ce choix a été payant, puisqu’il a favorisé l’appropriation de l’outil par ses utilisateurs.»
Avant l’arrivée d’Anaplan, les utilisateurs se servaient de tableur et de formules Excel, souvent personnelles et différentes. «Ce type de démarche nécessite deux semaines de travail sur la qualité des données, et produit souvent des résultats approximatifs,» souligne le manager. «Aujourd’hui, nous disposons d’une vue centralisée avec une approche globale. Et nous avons démontré qu’il était possible d’abattre des barrières. D’ailleurs, même les collègues les plus hésitants du département Finances lorsque nous avons démarré le projet se sont emparés de la solution. Un phénomène que nous constatons au niveau mondial, qui prouve l’appropriation de l’application par ses utilisateurs.»
Autre élément important du bilan, les coûts ont forcément été bien contrôlés puisque l’entreprise n’a pas fait appel à des consultants externes, et n’a pas engendré de frais supplémentaires d’infrastructure à déployer et à maintenir.
«Petit à petit et avec un peu de courage, il est possible de relever ce type de défi rapidement. Cependant, pour aller plus vite vous devez parfois accepter de faire des erreurs. Et ce type de culture est indispensable dans une démarche agile,» recommande Paolo Rubano. «Il ne s’agit pas d’un projet qui s’étend sur 3 ans. C’est pourquoi l’agilité autorise quelques erreurs et permet tout de même de fournir une solution complète en six semaines. Traditionnellement, c’est le temps nécessaire à la préparation d’un projet. Et finalement, ça fonctionne mieux et plus vite! Cerise sur le gâteau: les utilisateurs en sont satisfaits et se sont approprié l’outil qu’ils peuvent eux-mêmes adapter aux évolutions. Certes, nous avons parfois ressenti une résistance au changement. Toutefois, notre tâche a été simplifiée, car les utilisateurs apprécient rapidement Anaplan, qu’ils estiment aussi simple à utiliser qu’un outil bureautique, mais avec infiniment plus de possibilités.»
Generali a déjà initié un prototype (POC – proof of concept) sous Anaplan/Google destiné au Planning et au Forecast, aussi bien en central qu’en local. «Il s’agit de processus locaux avec des schémas communs, qu’il est intéressant pour le groupe d’intégrer au niveau global,» précise le responsable de la transformation financière. «Cette approche à la fois locale et globale laisse ainsi plus de possibilités pour des choix locaux, dans le respect des directives globales -bien entendu. En quelque sorte, “Freedom with boundaries” [la liberté avec des frontières].»